Aujourd'hui, on va parler d'injustice.
Ca fait des mois, des années que je répète des phrases à ce sujet dans ma tête.
Nous vivons tous au quotidien une injustice. D'être gros, noir, roux, femme, handicapé, gay ... Et on compose tous différemment avec.
Y'a des humains qui se battent, adhèrent à des asso & mettent en lumière ce qu'ils vivent, leur quotidien.
Moi, mon injustice, c'est d'être grosse. Vous rigolez peut-être derrière votre ordinateur, vous qui connaissez mon parcours, ma chirurgie bariatrique, le point d'où j'arrive. Et moi aussi, j'en souris, en coin.
Quand aujourd'hui, je rencontre un nouveau médecin, qui ne connait pas mon histoire, il me mesure, il me pèse, il va me dire "Eh bien, ma petite dame, ce serait bien de perdre 20 kilos hein. Avec un peu de volonté". Suivi de "Faut essayer de limiter les sucreries & le grignotage". Et on finit par "Vous avez déjà fait vérifier votre thyroïde, elle doit clocher non?"
Et là, je bouillonne, j'hurle intérieurement. J'ai envie de lui retourner le bureau ... et les viscères.
Je vis dans cette injustice, je n'ai pas le physique de mon hygiène alimentaire. Pourquoi ? Parce que je n'ai jamais le droit à l'erreur & que je suis épuisée que ce soit ainsi depuis toujours. A 8 ans déjà, mon corps était capable de prendre 2 kilos par semaine. 8 ans. A cet âge, j'ai découvert les régimes.
Avant que Chris ne soit hospitalisé, je faisais du sport plusieurs fois par semaine, je nous faisais des assiettes hyper équilibrées, avec du quinoa, des légumes, de l'avocat. Pour annihiler notre addiction au poulet frit de chez East Canteen.
Et puis, y'a eu 6 mois de chaos, de soins intensifs en dialyse, ou on a géré, puis plus. Ou j'ai arrêté le sport, ou j'ai voulu nous faire plaisir, ou on a mangé nos émotions aussi. Et puis un jour, je me suis rendue compte que j'avais repris du poids. Rien de dramatique hein, mais quand même.
Tu vois, je n'ai jamais droit à l'erreur. Double peine.
Quand je fais des courses, je regarde les caddies des autres. Je sais c'est pas bien de comparer. Mais. On y voit de l'industriel, pas de légumes, des sodas, du fromage, du sucre, de la viande bas de gamme ... et puis des pâtes, des pâtes & des pâtes.
Et puis, je regarde le mien. J'ai rien contre son contenu, j'aime l'alimentation que j'ai. Elle est bonne pour moi & me fait du bien. Mais mon métabolisme est si bas, si mauvais.
Je regarde mon voisin, mince & je me regarde moi, grosse. A croire qu'on a échangé nos caddies. Et j'ai envie de hurler cette injustice dans le magasin. Me rouler par terre comme un gosse en plein terrible two.
Aujourd'hui j'en parle, non pas pour me plaindre, ni même pour légitimer mon gros cul. J'en parle pour rappeler que l'obésité reste un combat, à vie. C'est pour ça qu'elle s'appelle maladie chronique. J'aurai pu avoir du diabète depuis l'enfance, nan, moi je suis grosse. A plus ou moins grande échelle.
Mais je suis en bonne santé, consciente, vivante & j'écoute mon corps. Alors je compose avec ... moi.
Il vous faut
Pour 2 personnes
- Une sucrine
- Une botte d'asperges vertes
- Un avocat
- 2 tranches de jambon blanc
- 2 oeufs
- Ciboulette
- Sel
- Poivre
- Sauce de votre choix (vinaigrette, gribiche, beurre blanc, mayonnaise)
Faites cuire les oeufs 9 minutes dans un grand volume d'eau bouillante. En fin de cuisson, plongez-le dans de l'eau glacée.
Pelez les asperges vertes & faites les cuire à la vapeur 8 minutes.
Nettoyez la sucrine & détaillez l'avocat en lanière après l'avoir pelé.
Ecalez les oeufs durs.
Dans des assiettes creuses, dressez tous les éléments précités. Ajoutez le jambon, parsemez de ciboulette & assaisonnez.
Servez avec la sauce de votre choix !
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